Bienheureuse Décadence revient…






... revient d'abord d'une désillusion.
- Nos mesures, perles que nous avions ciselées pour le monde, sont restées lettres mortes...

A l'avant garde de la philanthropie on est souvent déçu par ses semblables…

Nous en tirons toutes les conséquences, la patience lassée par tant de crasse.
Notre phare lançait son énergie en pleine mer, redoutant pour les fragiles esquifs le péril de l'erreur ; aujourd'hui nous éclairons la terre !
Silence !… on fusille un innocent...
... nous disions, nul n'est prophète en son pays, d'autres en ont fait l'amère expérience : c'est  la peine. Enfin vient le temps de la justice, serein métronome aux portes des traîtres.
Oui, nous revenons d'une désillusion, blessés, nous avons reçus le coup de semonce en plein ventre, mais forts car nous avons choisi un camp, un camp fier et désinvolte, un camp isolé et défendu, le seul qui vaille : le nôtre.
Notre place est fortifiée, aucune de ses murailles n'est laissée à l'abandon, des veilleurs guettent jours et nuits l'ennemi, les armes sont chargées ; nous attendons le promeneur de pied ferme.
Toute prétention extérieure sur nos vies sera réduite à néant, chaque tentative d'intrusion dans notre intimité se soldera par un échec et sera dénoncée devant le juge suprême qui nous fera justice puisque cela est dans l'ordre des choses. Une justice dont les effets ne nous effraient pas.
Une justice dont les effets ne nous effraient pas.

Aussi l'heure n'est plus aux mesures, les listes sont prêtes (* §) ; nous lançons des anathèmes, nous ordonnons les responsabilités collectives, nous préparons le terrain. Rien n'est bon dans l'urgence, il nous faut anticiper le règlement de compte pour que tout se passe selon les règles, proprement et équitablement.

Nos cibles sont légions, mais une de ces légion porte un nom : république. C'est la phalange du malheur qui depuis quelques milliers d'années s'arme contre l'homme.

Le mépris coule dans ses veines, son oxygène est la vanité de l'homme. Il lui aura fallu bien des complots pour renaître de ses cendres, pourtant d'Augustin à François de Sales, l'homme avait raison d'espérer, mais l'hydre est têtue…

En effet ce que notre pays abrite de castes, de loges, de journalistes, de politiques ne jure que par elle. Le droit de parler lui-même est soumis au fait d'être républicain.
Vos enfants sont des citoyens avant d'être vos enfants, ils appartiennent à la république depuis la conception.
Madame est républicaine, monsieur l'est aussi, le débat est républicain, les fronts le sont ; en ce nom s'est amalgamé tout ce que nos esprits éclairés de grâce divine qualifient d'ordure. La république est une et indivisible : la pourvoyeuse des droits les plus abjects, la fossoyeuse des devoirs immémoriaux, le vampire le plus assoiffé de sang de l'histoire, le concept  le plus vaseux depuis celui de la Caverne…
…et silence ! … la république tue encore un innocent…
Si la démocratie n'est pas notre tasse de thé, la république est notre cigüe.
Nous distinguons bien en elle un ennemi de l'homme. 
C'est pourquoi nous en appelons aux forces du ciel : libérez nous de l'oppresseur, faites fondre sur lui la justice céleste et ses remparts ; avec tous les hommes pour qui le mot liberté à un sens nous vous conjurons de briser les chaînes que la république a mises à nos cous, de libérer l'homme des lois qui l'oppressent en son nom à elle, de rendre enfin à la vérité son empire car nous le savons il faut aimer ce qui est vrai et détester le mal. Animés de cette confiance nous disons encore Bienheureuse Décadence que celle qui nous délivrera.

Laissez nous rire !