Mobilisation Générale




Il faut prendre à rebours la mobilisation, prendre à rebours nos engagements et nos espoirs.
Sommeille en nous l'idée du coup de force.
Sommeille en nous une mythologie des tentatives contre-révolutionnaires, une forme de monarco-fascisme ou d'anarco-royalisme qui fit de nous les fers de lance d’une caste d'aristo-zup, sorte d’élite fondamentaliste et irrécupérable.
Sommeille, avec cette mythologie, un langage à la fois romantique et systématique, volontiers violent, provocateur, cinglant, esthétique et précieux dans une poétique de l’ordre et de la force.
Sommeille notre jeunesse qui s'en va, jeunesse à tout asservie dans un vide où nous semblait habiter la fin d’un monde. 
Sommeille aussi les récits et les légendes, l'histoire et la vertu, les paysages de l'enfance et la camaraderie…
Comme sur une braise le temps a soufflé et la braise a consumé le bois nouveau.
Nous avons cru un instant encore aux sursauts de chouans portant des casques de moto et des blousons saillants, aux armes qui ressortaient des malles, aux marches festives, à l'odeur de la poudre, chevauché fantastique, mais aussi au réveil d'un peuple et à sa réconciliation. 
L'espoir s'extériorisait, nous étions suivis par la foule, nous qui avions, « depuis toujours » raison, nous qui avions tant crié dans le désert tout confort de nos milieux privilégiés. Comme une bouffé d'air que nous pensions pouvoir enfin convertir en tornade dévastatrice… Reste en nous à jamais les traces de ces cris que la vigueur de notre jeunesse lança, reste à jamais cet espoir de voir s’effondrer la République du mensonge…

Il faut prendre au mot l'action. Peser les fruits. Mesurer leur taux de sucre. Bien pâle récolte dans notre champ.
Dans une certaine mesure beaucoup sont entrés dans leur vie comme un secours temporel, le lieu de l'homme intérieur. Chacun à défini sa forme de sainteté pour marcher droit dans ce monde. Et cette voie, souvent celle de la famille et de l’Eglise, est centrée sur la maison puisqu'ailleurs c'est la sauvagerie. Puisque nous ne pouvions rien faire que prier, et travailler au détail, être parcelles, nous avons envahi le présent, bien pauvrement dans le réel.
Nous étions des réfugiés : notre refuge, l'intimité et la famille, la transmission. Il faut aussi comprendre cela comme le déclic, ce pourquoi la bonne vieille France s'est levée.
Notre for intérieur à cru voir s'ouvrir une porte où l'espoir qui est esprit s'est emporté.
Nous avons en nostalgie le grand geste libérateur.
Nous avons en nostalgie le coup de force du Christ.
C'est ainsi.
Et que faire.
Retourner à notre jardin et au secours de la maison, à nos vocations.
Ou vouloir à nouveau se préoccuper du monde et agir dans une perspective politique. Voulons-nous sortir de chez nous et battre la campagne ?
Nous prenons-nous pour des soldats du Christ ?
Est-ce une mobilisation ?
Le début ou la fin ?