Ils ont volé notre mémoire et disloqué nos familles,
Ont répandu notre sang dans les bourbiers du monde,
répandu l'amnésie et l'apostasie.
Ils ont souillé un peuple qui fut fier,
souillé nos races mêlées à la molle monnaie.
Ils ont éparpillé nos communautés pour des châteaux en Espagne,
Au nom d'idéaux déjà oubliés avili les âmes.
Ils ne nous ont pas laissé enterrer nos morts
dispersant la veillée funèbre
pour vendre nos domaines.
Ils ont enchaîné nos enfances aux goulags.
Ils ont enchaîné nos pères aux doutes
qu'ils semaient dans le vent de l'histoire.
Ils ont cloîtré nos mères pour servir le capital.
Ils ont vendu nos sœurs aux premiers venus
et achevé nos vieillards pleins de sages délires.
Ils ont fermé les anciens chemins,
brouillé derrière nous les pas
et effacé les étoiles.
Ils ont profané nos maisons et nos temples,
tué nos amis et nos maîtres bien-aimés.
Ils ont détruit la nature qui nous aimait,
Brûlé nos espaces et réduit nos champs.
Ils ont arraché nos insignes, violé les coutumes.
Ils ont enfoncé les portes de nos villages
emportant les vaillants et la nourriture
pour tenir le siège de nos cœurs.
Ils ont effacé les traces de leurs forfaits
et nous ont accusés de leurs errances.
Ils ont violé nos consciences
par goût de la souillure et du vice.
Puis nous ont laissé abattus sur le bitume
de cités inconnues, lavés de nos fautes.